Depuis la réforme de la biologie médicale et la Loi n°2013-442 du 30 mai 2013, la situation des laboratoires de biologie médicale a changé, de même que leurs pratiques. Les infirmiers libéraux ont été les premiers impactés par la mise en place de cette réforme.

Une augmentation des prélèvements à domicile

D’après le code de la santé publique (article 6211-13) un biologiste médical peut confier la phase pré-analytique à un infirmier libéral (IDEL), une convention est alors signée entre les deux parties fixant les procédures applicables (article 6211-14).

Une des premières conséquences de cette réforme a été l’augmentation du nombre de prélèvements effectués à domicile. Cette augmentation est due d’une part au vieillissement de la population et d’autre part à la réforme de la biologie médicale qui a pour but de concentrer le secteur. Les laboratoires de biologie médicale (LBM) se sont regroupés et de nombreux sites ont fermé. Le nombre de prélèvements effectué à domicile (et donc de prélèvements infirmiers) a augmenté à la suite des difficultés d’accès aux LBM (horaires d’ouverture, distance, temps d’attente…) pour les patients qui venaient initialement se faire prélever directement au laboratoire.

Les IDEL réalisant les prélèvements à domicile ont été fortement impactés. Ils sont amenés à effectuer de plus en plus de prélèvements tout en respectant des contraintes pré-analytiques de plus en plus strictes.

Qu’en pensent les infirmiers libéraux ?

Les infirmiers libéraux sont plutôt satisfaits de leurs relations avec les laboratoires de biologie médicale. D’après une enquête de 2015 effectuée par le Syndicat des Jeunes Biologistes Médicaux (SJBM), à la suite de cette réforme de la biologie médicale, 39 % des infirmiers libéraux interrogés considéraient que leurs relations avec les LBM s’étaient améliorées, 49% qu’elles n’avaient pas changées, et seulement 11% qu’elles s’étaient dégradées.

Au début de la mise en place de cette réforme, les LBM étaient très à l’écoute de leurs collaborateurs, notamment par souci de concurrence car de nombreuses structures étaient encore en place. Depuis de nombreux infirmiers ont néanmoins l’impression que cela a changé. Les LBM restants ont un monopole bien établi, et les infirmiers libéraux travaillant avec eux ont connu des changements de direction, des rotations de personnel importantes, ou encore des fermetures de sites. De plus, les exigences de l’accréditation auxquelles les LBM doivent faire face sont souvent reportées sur les infirmiers libéraux sans discussion ou concertation. Les infirmiers ont le sentiment que des pratiques générant une charge supplémentaire de travail leur sont imposées. Environ un quart des IDEL ont rapporté des difficultés dans leur pratique quotidienne (organisation de leurs tournées avec respect des délais pré-analytiques, obligations de dépôts des prélèvements à des horaires fixes, déplacements non rémunérés pour déposer les prélèvements, patients à reprélever à leurs frais). Les documents à fournir pour répondre aux exigences de la norme ISO 15189, renseignements cliniques, traitements… sont chronophages. La traçabilité des prélèvements permet de limiter les erreurs mais elle augmente aussi le temps de présence au domicile du patient.

Quelles perspectives d’amélioration ?

Les laboratoires doivent répondre à des exigences d’accréditation de plus en plus strictes. Il est important que les relations entre les LBM et les IDEL restent confraternelles. De nombreux axes d’amélioration sont donc à entreprendre pour faciliter le travail des IDEL.

La possibilité de consulter les résultats de leurs patients sur le serveur du LBM ou par sms, l’organisation de réunions annuelles pour être informé et pour créer un dialogue constructif avec par exemple la présentation des non-conformités liées aux prélèvements extérieurs, la création d’une ligne avec des interlocuteurs dédiés aux IDEL, la mise à disposition de points de collecte facilitant l’organisation de leurs tournées sont des points à développer.

Le SJBM proposait de son côté la création d’une cotation d’acheminement au laboratoire, cotée soit par le LBM, soit par les IDEL.

Enfin, un allègement des processus administratifs par traçabilité digitale ainsi que la fourniture de matériels de qualité pour l’exercice infirmier semblent être une solution indispensable dans les années à venir. Ces besoins, Filolab les a bien compris, et propose d’améliorer la traçabilité pré-analytique des échantillons sanguins pour les LBM et les IDEL tout en permettant un gain de temps. Cette solution permet de tracer et de sécuriser la phase pré-analytique responsable de la majorité des non-conformités. Pour chaque prélèvement la chronologie des évènements, l’identité des différents acteurs et le suivi de la température sont tracés et disponibles pour chaque intervenant (infirmier, pharmacie, laboratoire).