Le vieillissement de la population et sa prise en charge adéquate est un défi majeur auquel va devoir répondre notre système de santé dans les années à venir. Les pouvoirs publics souhaitent une accélération du virage domiciliaire, et des mesures supplémentaires ont été annoncées fin 2021. Néanmoins, ces annonces interrogent car les libéraux semblent mis de côté voire oubliés.

Vieillir chez soi, le souhait d’une majorité de français

Une grande majorité de Français souhaitent vieillir chez eux, comme le souligne un sondage IFOP de 2019 où 85% des personnes interrogées répondent vouloir vieillir à leur domicile. Le scandale récent des maisons de retraite n’a fait que renforcer ce souhait et les Français désirent de plus en plus rester chez eux. Ce souhait est valable quand ils sont en bonne santé, mais également lorsque leur état de santé diminue et nécessite un accompagnement et des soins.

Cependant, des conditions doivent être satisfaites pour répondre à cette volonté largement majoritaire, notamment l’optimisation des services d’aide et de soins à domicile.

« L’accélération » du virage domiciliaire et les mesures annoncées par le gouvernement

La notion de virage domiciliaire est récente, et concerne le maintien à domicile des personnes âgées. Ce virage suit celui de la médecine ambulatoire qui facilite un retour à domicile après de simples chirurgies et permet de réduire les coûts d’une hospitalisation.

Pour les pouvoirs publics, le maintien des personnes âgées à leur domicile est bénéfique sur les deux tableaux car il répond au souhait des Français de vieillir chez eux et la prise en charge est moindre comparée à des placements en EPHAD où les coûts sont plus élevés. Il y a donc une volonté politique pour « une accélération du virage domiciliaire » avec des mesures annoncées fin 2021 pour faciliter ce virage. Le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2022 (PLFSS) prévoit des transformations du système de santé avec un renforcement des actions de soutien à la perte d’autonomie et une amélioration de la prévention et de l’accès aux soins.

Or ces mesures apportent peu de moyens pour le secteur libéral et privilégient les établissements et les structures. Elles fournissent plus de ressources aux structures déjà existantes afin qu’elles puissent déployer des équipes mobiles qui se déplaceront des établissements vers le domicile des patients. Le rôle actuel des libéraux, notamment les infirmiers, déjà présents au quotidien au domicile des patients semble complètement ignoré.

Néanmoins, comment faire fonctionner ce virage domiciliaire sans les principaux acteurs concernés, les libéraux ?

Les pouvoirs publics annoncent l’accélération du virage domiciliaire, mais négligent en même temps ce qui existe déjà en ambulatoire. En effet, les IDELs représentent la pierre angulaire nécessaire du soin à domicile, et assurent déjà cette prise en charge du fait de leur ancrage territorial et de leurs compétences. On soulignera leur activité indispensable au domicile des patients durant la crise sanitaire du Covid-19 où les IDELs ont assuré la continuité des soins des patients.

La population vieillit et les besoins pour garantir de bonnes conditions de vie pour toute personne en difficulté sont en constante augmentation. Il est nécessaire de trouver des solutions pour favoriser la vie à domicile et ce virage semble indispensable pour assurer la santé de la population et plus particulièrement des personnes en perte de mobilité.

Néanmoins, pour réussir son tournant, le virage domiciliaire doit prendre en compte toutes les parties prenantes dont les libéraux, qui sont les acteurs principaux du soin à domicile.