La « pratique avancée » permet à des professionnels paramédicaux de prendre en charge de nouvelles missions avec des compétences cliniques renforcées. En France la profession d’infirmier a été choisie pour cette nouvelle pratique afin d’améliorer le suivi des patients atteints de pathologies chroniques. C’est un nouveau métier à l’interface de l’exercice infirmier et de l’exercice médical.

La pratique avancée : un élargissement des compétences du métier d’infirmier

Ce statut, avec des compétences étendues, est déjà bien connu et expérimenté dans d’autres pays, comme aux Etats-Unis avec le métier de « nurse practitioner ». En juillet 2018, la loi définissait le cadre des soins infirmiers en pratique avancée en France. En application, c’est un nouveau diplôme d’Etat reconnu au grade de master qui est délivré à l’issue d’une formation universitaire de deux ans.

Les infirmiers en pratique avancée (IPA) suivent des patients avec leur accord qui leur ont été confiés par un médecin de l’équipe de soins dans laquelle ils exercent. Un protocole d’organisation est établi pour indiquer les modalités de leur travail en commun. Des coordinations et des concertations régulières organisées avec l’équipe de soins permettent ainsi d’optimiser la prise en charge du patient et le temps médical.

Une solution aux enjeux de santé actuels

Les IPA prennent en charge le suivi régulier des patients pour leurs pathologies chroniques, peuvent prescrire des examens complémentaires, réaliser des actions de prévention, de dépistage et d’éducation thérapeutique, entreprendre des actes d’évaluation et de conclusion clinique, des actes techniques et des actes de surveillance clinique et paraclinique ou encore renouveler ou adapter certaines prescriptions médicales.

La mise en œuvre de la pratique avancée doit permettre de répondre à plusieurs enjeux de santé publique : l’accroissement de la technicité des soins, l’augmentation des patients atteints de maladies chroniques, le vieillissement de la population et les inégalités d’accès aux soins, sociales et géographiques.

D’autre part, afin de maîtriser la dépense publique, l’Etat impose au système de santé une efficacité des soins couplée à une efficience économique.

Face à ces difficultés et aux besoins des patients, la pratique avancée permet de diversifier l’exercice médical en développant les compétences des infirmiers, d’améliorer l’accès aux soins et leur qualité et de réduire la charge de travail des médecins sur des pathologies ciblées.

Une forme innovante de travail interprofessionnel pour une coordination du parcours de soins

Les bénéfices attendus sont multiples. La pratique avancée va permettre de renforcer la cohésion des professionnels de santé autour de la prise en charge du patient.

Pour le médecin, c’est un gain de temps qui pourra être utilisé pour recevoir de nouveaux patients et améliorer la prise en charge des patients non stabilisés. De plus, un échange entre professionnels de santé autour du patient est mis en place, ce qui renforce la collaboration et les interactions au sein de l’équipe de soins. Le patient bénéficiera d’un meilleur suivi et accès aux soins.

Les infirmiers sont également revalorisés avec ce statut, ils vont pouvoir bénéficier d’un exercice plus autonome et varié, tout en travaillant en collaboration avec les médecins. Enfin, il est attendu un surcroît de temps médical disponible pour notre système de santé actuel, évolution indispensable dans les années à venir. La mise en place des infirmiers en pratique avancée est un réel bénéfice pour l’ensemble des acteurs de santé. Cette nouvelle discipline doit être reconnue comme une avancée majeure pour répondre aux enjeux de santé publique et d’économie de la santé à venir. Il n’est d’ailleurs pas exclu que cette pratique se développe pour d’autres professions de santé.